Carnet de route

route du sel du 27 au 30 août 2025

Le 21/09/2025 par dejean catherine

ROUTE DU SEL – 27 au 30 août 2025

Il est 15 heures quand nous quittons Eyguières, cap sur La Brigue où nous attendent Philippe et nos amis italiens.
Il nous aura fallu bien deux heures, sous un soleil ardent, pour dompter la bascule récalcitrante du siège arrière de DéDé, notre minibus, et trouver la place idéale pour nos quatre VTT. Bref, on a enfin compris !

Quelques ralentissements sur l’autoroute avant d’aborder à Vintimille la remontée de la vallée de la Roya, profondément meurtrie par la crue millénaire provoquée par la tempête Alex des 2 et 3 octobre 2020. La route sinueuse porte encore les stigmates : berges arrachées, chaussées effondrées, ponts détruits. Le paysage bouleversé, remodelé par la violence des eaux, se reconstruit peu à peu, cicatrise et reprend vie.

Nous arrivons à La Brigue pile à l’heure. Juste le temps de caler DéDé au parking, de poser nos affaires à l’Auberge Saint-Martin et de filer chez Luca, où Fabrizio V. avait eu la brillante idée de réserver. Doux moments de convivialité autour de délicieuses pizzas et de pichets… évidemment ! Avec en prime ce parfum si singulier de dépaysement et de vacances.

Avant de dormir, un petit tour dans le village lové au cœur d’un cirque de montagnes. Ancienne cité médiévale magnifiquement préservée, La Brigue déploie un labyrinthe impressionnant de ruelles pavées. À chaque détour, une découverte : une fontaine, un porche sculpté, un détail inattendu. Les hautes maisons de pierre aux toits de lauze se pressent les unes contre les autres et la lumière, ici, est pour elles un défi.

Belle nuit. Après un copieux petit-déjeuner, nous montons avec DéDé par une route étroite et sinueuse jusqu’à Castérino, point de départ et de rencontre avec le groupe italien. Rendez-vous à 10 h (heure italienne !). Photo souvenir du groupe CAF-CAI, nous sommes 13, suivie des mots chaleureux de Fabrizio… et c’est parti pour l’aventure !

Heureux, juchés avec nos gros sacs à dos sur nos terribles bécanes, nous quittons la petite route pour une piste caillouteuse qui serpente entre forêts et alpages. Première montée ! Les mélèzes s’effacent, remplacés par l’herbe rase et un ciel de plus en plus gris. De temps en temps, le sifflement d’une marmotte, un incident technique vite réparé, une pause prolongée, puis la montée vers la baisse Peyrefique avec ses premiers panoramas ouverts sur les vallées.

Direction le col de Tende. Les lignes de crête deviennent minérales, surplombées par les anciens forts, tandis que le brouillard nous enveloppe. Nous laissons nos vélos au chalet du col juste avant qu’un violent orage n’éclate. Refuge providentiel : le chaleureux chalet La Marmotte, où les Italiens sont déjà installés. Adieu pique-nique, place à la polenta ! La pluie battante rythme notre halte.

Caparaçonnés de nos couvre-sacs multicolores, nous reprenons la route du sel sous la brume. Un magnifique passage technique le long des crêtes jalonnées des bornes « 1947 » ouvre le chemin, avant que la piste ne se fasse rude, rocailleuse, interminable. Le col des Seigneurs (2111 m) se mérite. Les batteries s’épuisent, et pour certains, « l’angoisse du manque » s’installe. Enfin, en contrebas, lové dans un vallon, apparaît le refuge Don Barbera. Ancien bâtiment militaire réhabilité, il marque le passage entre la Roya et la Ligurie. Tout y est pensé, même pour nos vélos, à condition de respecter les contraintes du groupe électrogène. Les sacs à peine posés, nous sommes déjà réunis autour d’un repas copieux et savoureux. La nuit, dans les dortoirs impeccables, sera confortable.

Au réveil, le ciel est bleu et enfin le paysage se dévoile. La traversée se poursuit par le col Flamargal et le col Selle Vecchie, puis à travers les forêts sombres et humides du bois de la Navette. La piste redevient facile et belle, et nous retrouvons les alpages baignés de soleil du Poggio Lagone et de la Marheria di Loxe Redentore, où paissent vaches et brebis.

L’ascension du Monte Saccarello (2201 m) s’impose, un peu dégroupée malgré l’insistance du chef Fabrizio. Au sommet, la statue du Christ Rédempteur domine un panorama spectaculaire : golfe de Gênes, Marguareis, Alpes du Piémont et, vers l’ouest, le Mercantour.

Après un pique-nique bienvenu, nous reprenons la crête frontalière en direction du Passo Tanarello. Le sentier, tour à tour accueillant et chaotique, déroule ses aspérités jusqu’à la baisse de Sanson. Un aimable Polonais immortalise le groupe avant que nous ne basculions dans une interminable descente. Chemin rugueux, ornières et pierres mettent fesses, genoux, poignets… et vélos à l’épreuve.

Un pneu ne résiste pas. Sérieusement amoché, il oblige Nicolas à une longue réparation, tandis que le reste de la troupe profite d’une pause au soleil dans une clairière. Descente technique terminée, nous retrouvons une piste plus douce, puis la route.

Elle nous conduit à Notre-Dame des Fontaines. Chapelle minuscule et modeste de l’extérieur, mais véritable éblouissement à l’intérieur : fresques flamboyantes, « Sixtine alpine » retraçant avec force et détails les grands mystères bibliques. En guise de dernier cadeau, le Pont du Coq, superbe ouvrage coudé en dos d’âne, conçu pour résister aux crues violentes de la Levenza.

De retour à La Brigue, malgré des adieux un peu dispersés, nous partageons avec ceux qui restent un dernier repas chaleureux. Le lendemain matin, une superbe sortie autour du cirque, choisie par nos amis italiens, vient conclure le séjour.

Mille mercis à Fabrizio A. pour l’organisation et le choix du parcours, à Fabrizio V. pour ses traductions simultanées, à Nicolas et, bien sûr, à tous nos amis italiens.
À très vite !

Castérino – Don Barbera : 36 km, +1200 m
Don Barbera – La Brigue : 51 km, +600 m, environ –1800 m

Participants :
Fabrizio Acanfora – Nicola Biancucci – Marco Cadeddu – Alessandra Gallo – Pierangelo Rigo – Vittorio Maccio – Fabio Giuseppe Politano – Fabrizio Villa – Philippe André-Perreard – Mireille – René Ferrus – Bernard Catino – Catherine Dejean