Carnet de route

Retour au Verdon...
Le 03/06/2025 par yonnel club alpin
Retour au Verdon …
En 1983, en ce mois de juillet, j’étais à la terrasse du bar avec deux amis disparus Patrick Edlinger (on l’appelait Dieu à l’époque) et philippe Méjean (avec qui on avait ouvert les voies des gorges de Pelissanne). 40 ans après, je suis à nouveau assis, devant encore un diabolo menthe, cette fois avec Marine. C’est le même plaisir, la même sensation d’être dans un lieu mythique, hors du temps. J’ai adoré ce retour à l’Escalès, tout en douceur . Et je crois même que jusque-là je me l’étais interdit… va savoir pourquoi?… Le rocher s’est patiné, preuve de son succès, mais l’ambiance est toujours aussi époustouflante. Et t’as beau avoir tout l’égo du monde, le Verdon te rend vite humble: de gré ou de force! Aujourd’hui j’étais encordé avec Marine qui reprenait la grimpe, dans une voie parallèle à la voie des « dalles grises ». Elle m’a surpris! Elle est méthodique, au niveau de la sécurité elle ne laisse rien au hasard me faisant répéter sous ses yeux les manœuvres sur la terrasse des écureuils. Quand je la regarde grimper, je vois qu’elle ne force pas, qu’elle cherche toujours les positions de moindre effort afin d’être capable de terminer la voie. Bien que je l’entende fulminer dans les longueurs, elle arrive toujours radieuse au relais. C’est un plaisir. Hier j’ai pris une journée de repos (biiiiiip) pour récupérer de la première journée dans « courchonade ». Super voie réalisée en réversible avec Daniel, reconnaissable à sa manière de porter le casque un peu en arrière à la manière des G.I. qui débarquaient sur les plages japonaises à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Danou, toujours joyeux et motivé, suit à chaque relais la progression des amis qui grimpent sur le pilier de « imaginarium » afin de coordonner la sortie de la voie avec tout le monde.
Un calcaire magnifique, des enchaînements délicats avec un sacré niveau de lecture pour une difficulté pourtant raisonnable. Une merveille! On aura apparemment des images de René, pilote de drone, en novembre et ça devrait être particulièrement visuel…
Dimanche, on a basculé du côté obscur de la force en descendant les pierriers raides et piégeux au-dessus de l’entrée des gorges côté Sainte-Croix. Du rocher piquant et neuf, des difficultés adoucies mais une vue sur le Verdon exceptionnelle. C’est l’intérêt de « avec vue sur les loups ». On y va d’abord pour l’esthétique, mais il faut mériter l’accès… une petite mention pour Yonnel, au flegme anglais et à l’escalade tout en délicatesse qui dégotte toujours le bon passage, ne se trompe pas sur le tracé, trouve le bon relais ou le point d’accès au rappel (ou comment devenir indispensable en toute discrétion…).
Merci à toutes et tous, vous m’avez rendu ce retour au Verdon pas du tout nostalgique. J’y retrouve l’enthousiasme, une continuité passionnelle et même quelque chose de tout à fait nouveau. Pour la première fois j’ai pris le temps dans les voies, j’ai pas cherché le plus dur, j’ai discuté tranquillement au relais… et je crois que c’était ce qui manquait comme pièce au puzzle de mes souvenirs de jeunesse dans les gorges. Le lâcher prise en escalade! C’est tout à fait ça: un paradoxe nécessaire qu’il est important de vivre … et de savourer…
Pas facile de revenir en ville après ça…
Franck