Carnet de route

Petit carnet de route: trek Le sanctuaire de l'Annapurna

Le 11/04/2023 par DEJEAN

Impressions et petit carnet de route du trek :

Le « bien nommé » Sanctuaire de l’Annapurna ( Népal)

Du 19 mars au 8 avril 2023

Namasté

Nous nous sommes envolés vers Kathmandu, les cœurs serrés, sans Paule et sans notre « bible Robert », organisateur de ce périple.

Choc d’un autre monde, d’une ville grise et irrespirable sous le poids des pollutions et des misères mais bouillonnante de vie.

Nous zigzaguons dans le quartier de Thamel entre scooters, voitures, rickshaw, poussières, nids de poule, klaxons, happés par la frénésie des multiples échoppes « contrefaçon ».

Parenthèse de respiration dans notre hôtel « Samsara » fleuri.

Guidés par l’élégant Robin, nous visitons notamment les anciennes villes royales de Bhaktapur et Patan, ébahis par les splendeurs des temples et palais aux larges toits de pagode, aux murs de briques rouges percés par des fenêtres de bois de sal brodés, aux sculptures de pierre et de bronze finement ciselées. Vu avec plus de douleur que d’admiration « La Kumari » (petite déesse vivante de 8 ans) nous jauger de son regard de feu penchée au-dessus de sa petite fenêtre.

Vite perdus dans les dieux indous, leurs avatars et le mixage au surplus des cultes et cultures, nous capitulons !

Dans le recueillement fébrile de Pashupatinath, nous assistons aux cérémonies des crémations, submergés d’émotions, de curiosités et d’interrogations.

Départ pour Pokhara… 200 km sur une route en totale rénovation, 7 heures de poussière, secoués et ballotés sur ce gigantesque chantier chinois…. !?

Une nuit de répit, de grand confort dans le bel hôtel « Batika » de Pokhara.

Nos sacs mille fois repensés, nous commençons le trek par un petit dérapage routier mais le mini bus remis sur sa carcasse à toute épreuve, nous dépose enfin, avec nos guides et porteurs au pied de Phédi.

Début du trek (1)

« Jam jam » c’est l’appel au départ de nos deux guides bienveillants : Amrit et Radiss

Nous marchons des marches et des marches sur des sentiers empierrés, ourlés de fougères et de végétations luxuriantes, et lentement au- dessus des douces courbes des cultures en terrasse, nous nous élevons, premiers toits bleu azur, premier lodge belvédère à Dhampus Nous commençons nos rituels : Wifi- tarot- scrabble-bière-hot lemon- mérite de LDL… et gavés de Momo ou de Dal Bhat, nous nous glissons dans nos duvets de plume ou supposé… à l’abri des déferlants orages.

Et le matin comme un mirage par-dessus les nuages, dans la première lueur orangée du soleil c’est l’émerveillement devant le flash des sommets enneigés, du Machhapuchhare et des Annapurna.

« Jam jam »(2-3)

Après omelette, œufs frits, gurung bread ou chapati, c’est reparti pour deux jours !

De Dhampus à Landruk-Chomrong

Marches après marches, descentes après montées, passages de longs ponts étroits, esthétiques et rutilants, suspendus au- dessus des torrents bleus glaciaires, nous progressons, traversons des villages bucoliques aux coqs triomphants, aux meules de paille dorée, aux enfants si heureux de nos simples cadeaux de balles.

Grappes d’orchidées suspendues à leurs arbres, quelques flocons au sol de fleurs de rhododendron, bambous et immenses arbres, cèdres et « châtaigniers » et tous les matins inquiets par les pluies aussi rituelles que nos soirées, dans un ciel épuré les sommets s’éclairent.

« Jam jam » (4)

Nous quittons ce beau village de l’ethnie Gurung ; Chomrong (encore sans accès routier.. ), son lodge belvédère , sa pièce chauffée, sa très vieille dame sourde en habit vert -olive figée devant sa fenêtre.

Escaliers vertigineux de 1753 marches de descente (merci Michel !) au milieu des cultures en terrasse pour aboutir à la fin du village ; Rencontre insolite d’un enfant obstiné par sa mule récalcitrante à traverser le pont suspendu.

Nous remontons marche après marche accrochés à nos bâtons marteleurs, cédant souvent le pas aux porteurs, avançant tête baissée, dos plat, le front lourdement chargé de nos superflus.

Hommage à ce porteur anonyme, écroulé de douleurs, de pleurs et de désespoirs, incapable de continuer sa route…

La pluie- grêle, éclairs et tonnerres nous surprennent, histoire de tester nos guêtres « Ldl » et nos capes « décathlon ».

Nous arrivons enfin à Dhoban, au lodge « Tip Top » pas au top… ! pas de chauffage dans la salle commune et douche glacée. La neige est à proximité. La bière est remplacée en parcimonie par « nos alcools locaux » bienvenus … ! et au petit matin la queue du Machhapuchhare s’illumine en magie du ciel !

« Jam jam » vers Deurali (5)

Toujours des marches de plus en plus scintillantes, nous croisons beaucoup de trekkeurs asiatiques, américains… leur lançant dans un souffle le « Namasté ».

Maguy est vite devenue une idole et nous en sommes si fiers !

Superbe montée à travers une forêt de bambous et de quelques rhododendrons en fleurs. Le sentier d’escaliers serpente tantôt près des berges de la rivière Modi khola, tantôt à flanc de montagne, avec toujours en merveilleux compagnons, les pics enneigés et leurs noires falaises abruptes saupoudrées de blanc.

A peine arrivés dans notre lodge… encore belvédère… le plus haut du plus haut « View Point », la pluie puis la neige se met à tomber en tempête. Nous sommes à 3200 m- Pas de chauffage, pas d’eau courante mais douche chaude… gardée ! Un bon chaud Dal Bhat avalé en doudoune, écharpe et bonnet dans la salle commune glacée à la porte qui ne cesse de s’ouvrir. Nuit humide et froide mais au chaud, emmitouflés comme des momies dans nos duvets et couvertures.

Et comme tous les matins, c’est sous le soleil que nous démarrons dans une ambiance de plus en plus haute montagne.

« Jam jam » vers le camp de base ABC (6)

La végétation devient plus rase et couverte de neige même si le sentier de détournement est quasiment sec, petite escalade sur les gros blocs gris et halte .. sur les galets du torrent …pour monter après le pont, durement, durement avec un souffle qu’il faut aller chercher au plus profond de nous, le domaine des dieux se mérite !

Nous nous arrêtons souvent avec toujours la surprise et le bonheur, pas si loin derrière nous, de voir arriver Maguy suivie pas à pas par Amrit.

Camp de base du Macchapucharre (3700m) enfin… avec ses infinis escaliers , ses longs toits bleus , son poste de secours et ses deux mots mythiques : Camp de base … Camp de base

Non, nous ne sommes pas encore arrivés, juste un break au soleil.

« Jam jam »

Plus d’escalier mais une très lente progression de plus de 2 heures, neige et brouillard, le long d’une gouttière étroite qui s’enfonce dans la moraine séparant les glaciers de l‘Annapurna Sud de l’Hinchuli.

Pas un mot, mais une très profonde concentration pour aller chercher le soupçon

d’énergie qui nous reste !

Et puis au loin, comme un mirage… dans le brouillard, les toits bleu azur de la fin du « pèlerinage » !

Camp de base aux lettres si simples mais magiques …ABC à 4130m !!!

Salle commune immense et chaleureuse, chauffée par la joie des nombreux trekkeurs, porteurs et guides. Dortoir exclusif pour les filles et les garçons du groupe, pas d’eau mais peu nous en importe.

On est juste heureux.

Dehors, il neige à gros flocons.

Debout des 6 heures du matin, nous nous précipitons dans la neige vers le monticule à quelques mètres du camp … pour voir tous en communion…. le lever du soleil et c’est l’apothéose… !! Le bien nommé, sanctuaire des dieux… !

A 360 degrés, spectacle grandiose et unique au monde, sur les 13 sommets en immense arc de cercle du massif des Annapurna, illuminés par les rayons orangés du soleil.

Nos rétines s’en imprègnent à jamais… !

Sur le court chemin du retour au camp de base, je suis avec Maguy, deux Népalais nous interpellent et s’inclinent devant elle en lui disant, en anglais : « Madame, vous êtes une légende » ! et Maguy va d’ailleurs quelques jours plus tard, comme une star, s’envoler en hélico.. !

Fin du carnet.

Merci à Robert et Dhanné.

A nos guides si dévoués, si bienveillants : Amrit, et Radiss.

A nos fidèles porteurs.

A toute notre « famille de trek » puisque par deux fois et c’est le plus beau des compliments on nous a pris pour une famille !